Un mystique vivant dans le monde
Fondant une famille et vivant l’âpreté du monde professionnel, j’ai toujours eu beaucoup d’apriori pour la caste sacerdotale et monastique qui, bien souvent, fut le triste exemple d’un élitisme spirituel moralisateur et superstitieux pour ne pas dire un vivier d’intégrisme. C’est pourquoi je suis Chrétien, et pas catholique, ni protestant ou orthodoxe, et pas plus musulman que juif ou bouddhiste. Je rejette tout dogmatisme et croyances admises qui limitent les perceptions, qui donnent des réponses toutes faites, selon tel grand penseur ou tel texte dit canonique.
Cela dit, je crois profondément que l’homme est l’image immortelle du Créateur et que tout l’objet de notre travail en ce plan est de la reconnaître pour réintégrer notre place dans la Création. Seulement voilà, il ne suffit pas de suivre un dogme quelconque ou d’adhérer benoîtement à une doctrine, il est nécessaire que la volonté libre et le consentement de l’Homme s’unissent aux desseins de la Providence pour avancer sur cette voie royale.
C’est une voie bien difficile et on est si imparfait…me diront la plupart d’entrevous.
« Être imparfait » voilà l’archétype des dérives manipulatrices et castratrices que j’évoque ci-dessus. Nous ne pouvons pas « Être » et « Imparfait ». « Imparfait » représente un fait d’un passé révolu alors que « ‘Être » signifie clairement vivre dans le présent. Soyons clair, « imparfait » témoigne de la nature non aboutie, inachevé d’une chose alors que nous sommes à l’image de Dieu, donc parfait. Seulement, nous ne le savons pas ou plutôt nous n’y croyons pas à cause de cette imposture qui domine le monde depuis des siècles.
Mais le Sauveur est venu nous montrer le Voie de la réintégration, la Vérité « Emmanuel, Dieu avec nous » et la Vie « Dieu en nous ». Tout notre Être est tendu vers ce point central d’intériorité qui est la voie directe à l’Être Absolu. Tout l’enjeu réside dans cette raison d’Être
Selon moi, le chrétien véritable, et plus encore, le chevalier chrétien pratique à la fois cet abandon salvateur et un engagement profond dans le monde avec une conscience aiguë de ce qui l’environne. Car l’ésotérisme chrétien a aussi une tout autre exigence, il demande impérativement que la religion se traduise en action, il impose un réalisme christique non seulement individuel mais aussi collectif.
Pour cela, il faut affiner progressivement notre compréhension du travail à effectuer sur nous-même et en nous-même. L’étude sincère de nos défauts, l’acceptation de notre ignorance, la compréhension puis l’exercice quotidien des vertus sont autant de petits pas assurés vers la Vérité. Ces travaux balisent notre cheminement initiatique sur la voie cardiaque mais cadencent également cette épuration inéluctable pour découvrir la suite du Chemin. Chercher avec un cœur droit, frapper avec confiance et persévérance, demander avec résignation et discernement, résume toutes les initiations.
Un chevalier spirituel dans la Cité
Seulement voilà, il ne faut pas se contenter de travailler sur soi, ce serait comme s’arrêter en chemin. Il est vital d’avoir un comportement un tant soit peu plus juste : une vie qui produise quelques bonnes choses, avec Dieu et avec les autres, pour Dieu et pour les autres aussi. Il faut avoir le courage de s’ouvrir aux besoins et aux malheurs des autres hommes. Cet homme du torrent qui voyage toute sa vie, sans savoir où il va, ni d’où il vient, ni ce qu’il doit faire.
Aujourd’hui le mortel désert, c’est nos villes tentaculaires, impersonnelles, où chaque homme et chaque femme se fait bousculer, noyer, exploiter pour nourrir une machine dantesque, véritable créature de Mammon qui nous échappe totalement. Le chevalier spirituel est là pour donner du sens, pour incarner une bulle d’éternité dans le torrent furieux de la vie moderne, pour sanctifier le monde d’en-bas dans une société chronophage qui désacralise tout.
La difficulté est de concilier harmonieusement la vie intérieure et l’engagement spirituel de la conversion des mœurs, de l’obéissance et de la stabilité, ainsi que la pratique assidue de la prière. Si nous comprenons cela, nous intégrons doucement une doctrine spirituelle, un christianisme ésotérique qui structure notre réflexion dès le début et nous finissons par incarner les vertus de la chevalerie chrétienne tant au-dedans qu’au dehors. Autrement dit, le monde, la cité a besoin d’hommes et de femmes qui portent les valeurs chevaleresques dans leur cœur. Vivant dans la cité, au cœur du tourbillon ambiant, nous devons être un véritable Chevalier du Christ affrontant les ombres du monde.
En effet, n’est-ce-pas précisément le rôle du chevalier consacré que d’affronter les ombres du monde. Par l’armure flamboyante de la Présence et par l’épée sainte du Verbe, refuser les superficialités du système actuel, s’opposer aux lâchetés érigées en valeurs sociétales, renverser les contre-valeurs données en exemples, défendre les bonnes choses de la modernité contre les forces d’entropie et la décadence castratrice, infantilisante !
Une Force de résurrection agissante
Nous ne devons pas défendre les positions réactionnaires figées. Nous avons la responsabilité de mener tous ces combats au nom du Christ qui n’est pas resté dans le désert mais s’est mêlé à la foule pour guérir et conjurer les plaies de son temps. Aujourd’hui, nous devons personnifier au cœur de la cité, les hautes valeurs spirituelles de la chevalerie : la prière, l’Amour du prochain et la vie désintéressée, la culture de l’intelligence du cœur et de l’esprit, la protection du Bien, du Beau et du Bon.
Plus que jamais, nous devons, tel un guerrier de l’Absolu, nous dresser contre la marchandisation, l’idiocratie, la vulgarité, la violence, l’injustice, l’intégrisme et toutes les formes de manipulation. Face à cela, Intégrité, désir de Dieu, confiance en soi inséparable de la confiance en Lui, optimisme profond, courage et enthousiasme sont les qualités que doivent incarner les Chevaliers Christiens pour redonner l’espoir et illuminer ce monde en difficulté et en questionnement.
Nous devons œuvrer à la réunion des Hommes et des Femmes, afin que nous soyons unis, afin que soyons Un, tout en nous respectant et en nous enrichissant de nos différences. Éveillé, notre devoir est de percevoir et accueillir le cherchant, éveiller et réconforter le souffrant, accompagner puis libérer le persévérant. Par notre parfait exemple vivant, nous avons la terrible responsabilité d’éveiller les hommes et les femmes de désir à la Vérité, de les accompagner un moment sur la Voie qui mène au trésor céleste de la Sagesse, de les aider à percevoir la vraie Vie pour in-fine réintégrer l’Unité.
Mais attention, la prudence s’impose à cette étape du chemin tant le risque est grand de se croire élu ou de se prendre pour le Christ alors qu’il s’agit seulement d’être une personne un peu plus avancée qui donne une chance à une autre personne d’expérimenter elle-même le salut du Très-Haut. Affrontant nos démons spirituellement et même physiquement, nous devons nous préparer même si nous savons que les Ténèbres ne peuvent engloutir la lumière si faible soit-elle, que c’est toujours la lumière qui dissipe les ténèbres. Et tels des guerriers se préparant pour la guerre, nous devons nous entraîner ferme avant d’affronter ceux qui marchent dans l’ombre. L’essentiel de cet entrainement consiste à la purification du cœur, à ne plus laisser de prises aux actions du démon.
A force de raffiner nos pensées et nos émotions, nous parvenons à couper court à toutes les suggestions démoralisantes du Malin et de ses œuvres dans le monde. Nous purifiant de plus en plus, notre action se porte sur ce que l’on peut changer : notre ouverture intérieure à la Grâce. En alimentant notre désir d’Amour, en purifiant le cœur et l’esprit, nous préparons l’arrivée de Dieu qui ne manque jamais de rejoindre ceux qui Le cherche sincèrement.
Cette teinture de l’âme exprime et fixe la vertu d’humilité, la capacité de renoncement, en tout premier lieu le renoncement à soi-même, c’est-à-dire à tout orgueil du paraître, à toute envie de briller aux yeux du monde, pour lui préférer la lumière qui luit, secrète, dans le Tabernacle du cœur mais que le Seigneur connait, fortifie, aime et nourrit.
Enfin, c’est par l’entraînement régulier des vertus cardinales d’abord, puis par l’intégration naturelle et spirituelle de la Foi, de l’Espérance et de la Charité que notre âme se met au diapason du Sauveur. Peu à peu notre volonté ne fait plus qu’un avec la Sienne. Nous pouvons alors vaincre nos iniquités et entrer le Saint de Saint pour y recevoir l’onction sacerdotale, l’Ordination de Prêtre de » l’Église intérieure » qui n’a pas d’attaches terrestres pour enfin vivre en communion avec l’Éternel.
Le Chevalier de l’Aube
Voilà pourquoi, Guérisseur Spirituel, j’ai choisi de guérir le corps et l’esprit pour propager à qui peut l’entendre la Parole par laquelle l’homme peut retrouver Dieu et accéder à Lui. Mon sacerdoce est de découvrir, faire comprendre et transmettre la Révélation c’est-à-dire la promesse de la réintégration de l’homme. C’est l’aube qui précède l’Aurore, la venue du soleil de Vérité. Le Christianisme primitif est Esprit, et il ne se manifeste pas dans les œuvres mortes de la matière mais dans celles vivantes de l’Esprit, portées par les bons-hommes au cours des siècles.
J’ai choisi d’être Guérisseur de l’âme qui sommeille, rendue malade par ce monde de faux-semblants et de violence. Un R-éveilleur de l’Esprit qui met en évidence l’étincelle divine qui doit illuminer le cœur de mon prochain. Tel l’ermite du tarot, j’ai fait le vœu de parcourir les chemins dans le monde, inconnu et humble porteur de lumière, qui éveille et prépare l’avènement de la Vraie Lumière.
Non Nobis